Ariane et le Minotaure

Sur un texte de René de Ceccatty et de Giorgio Ferrara
« La cruauté d’un monstre sans cœur est plus douce en vérité que l’amour qui nous trahit ». C’est par ces mots que se conclut le mélologue si déchirant de la compositrice Silvia Colasanti. Ici, le mythe du monstre terrifiant se transforme en un drame humain : à la force du Minotaure vient se greffer un sentiment d’innocence et de désorientation, mais sans la capacité à raisonner et à distinguer le bien du mal. Le Minotaure n’est pas un ennemi hostile, mais une victime naïve condamnée à vivre dans le corps d’un être monstrueux. Ariane, au contraire, est ici son bourreau, capable de mensonge et de fausse amitié.  Ces contrastes se retrouvent de manière poignante dans la partition de Silvia Colasanti, qui dépeint à merveille la dualité de l’âme du Minotaure et le trouble de son esprit. Ainsi, des ostinatos rythmiques agressifs alternent notamment avec des moments suspendus durant lesquels le Minotaure s’interroge, entame un dialogue avec lui-même, s’imagine être humain…. Alors que le mélologue prend fin sur les derniers mots du monstre, une magnifique prière emprunte de désolation se fait entendre, accompagnée du son des cloches de l’orchestre.